Compte-rendu de la conférence du mardi 24 octobre 2016 Comment le Japon a su échapper à la colonisation 1853-1905 par M. Pierre Sevaistre
La conférence de Pierre Sevaistre portait sur un extrait de son livre, le Japon face au monde extérieur qui doit paraître aux « Indes Savantes » en décembre. Le conférencier a essayé de montrer comment le sentiment d’impuissance devant l’arrivée des étrangers à la suite du commodore Perry en 1853 avait laissé un traumatisme profond et durable dans la conscience collective japonaise et déclenché une mutation de la société dont la conséquence la plus importante a été la suppression du féodalisme et l’unification du pays sous l’autorité nominale de l’empereur et celle plus réelle d’une junte autocratique des vainqueurs de la révolution Meiji.
Cette révolution a été essentiellement une affaire de samouraïs japonais dans laquelle les Occidentaux n’ont joué qu’un rôle très secondaire. Cela n’a pas été la transition pacifique que l’on décrit parfois et entre les défenseurs de l’ordre établi autour des clans Tokugawa et Aizu et les clans rebelles, Chôshû dans un premier temps puis Satsuma ensuite, les attentats, les escarmouches ont été nombreuses avant de tourner à une guerre civile en règle faisant de nombreuses victimes.
Finalement les vainqueurs ont fini par adopter la politique du Bakufu vis-à-vis des étrangers, politique contre laquelle ils s’étaient pourtant si violemment élevés. Ils ont donc ouvert le pays et étudié ce qui faisait la force des Occidentaux. Il leur faudra pratiquement trente ans pour pouvoir éliminer les clauses des traités inégaux, extraterritorialité et droits de douane, qu’avait dû concéder le Bakufu.
L’accession du Japon au rang de grande puissance, à l’égal des pays occidentaux, sera consacrée par ses victoires sur la Chine en 1898 et surtout sur la Russie en 1905. S’il avait su s’arrêter là, peut-être le Japon serait-il encore un empire colonial mais il n’a pas su contrôler une armée de terre devenue immense et indisciplinée et résister à l’attrait d’une invasion qu’il croyait facile de la Chine.
Pierre SEVAISTRE